France x Terrorisme – Les infiltrés
Les services publics de la France sont infiltrés par des éléments radicalisés capables de passer à l’acte. Exploitant les clivages dans la République, les idéologies radicales y trouvent un terreau fertile pour prospérer. Cette menace existentielle impose une lutte globale qui combine la compréhension, la détection et la neutralisation.
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Les services publics de la France sont infiltrés par quelques éléments radicalisés capables de passer à l’acte.
Le jeudi 3 octobre 2019, un fonctionnaire administratif tue à l’arme blanche quatre de ses collègues à la préfecture de police de Paris. Converti à l’islam et habilité au secret défense, l’assaillant avait tenu en 2015 des propos tendant à l’apologie du terrorisme, l’un des signes de radicalisation islamiste. Même si elle n’est pas revendiquée par l’État islamique (EI), cette attaque met au jour les risques d’infiltration terroriste au sein des services publics.
Car les services publics font face à une menace croissante de radicalisation de la part des agents ou des usagers. Le rapport des parlementaires Diard et Poulliat de juin 2019 pointe l’étendue d’un « phénomène protéiforme » (Les services publics face à la radicalisation). Il estime que cette situation est « limitée » parmi les forces de sécurité, de justice et d’éducation nationale tandis que des « zones d’ombres » persistent dans les milieux des détenus, des transports publics et des clubs sportifs.
Exploitant les clivages dans la République, les idéologies radicales y trouvent un terreau fertile pour prospérer.
La société française présente d’amples divisions qui tendent les rapports sociaux. C’est notamment le cas des clivages religieux autour du principe fondamental de la République qu’est la laïcité. Les polémiques font rage dès que ce principe trouve à s’appliquer comme pour l’affirmation de racines judéo-chrétiennes de la France dans l’espace public et la prise en compte des spécificités religieuses à l’école.
Ainsi, les idéologies radicales exploitent ces graves tensions pour gagner en audience. Par exemple, mi-2019, plus de 21 000 individus sont inscrits au Fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). Ce fichier de profilage permet le suivi des individus radicalisés dont une part prépondérante d’islamistes.
Cette menace existentielle impose une stratégie globale qui combine la compréhension, la détection et la neutralisation.
Le premier défi consiste à comprendre la radicalisation terroriste. C’est l’objet de l’appel à projets de recherche lancé en 2015 par le CNRS mais aussi celui d’ouvrages publiés sur la question comme celui d’Olivier Bobineau, La voie de la radicalisation (2019). Selon lui, la radicalisation est un « processus anthropologique et sociologique de construction identitaire pour des jeunes gens en quête de sens ».
Le deuxième défi est celui de détecter les signaux faibles de cette dynamique complexe. Pour Thibault de Montbrial, avocat pénaliste et président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure (CRSI), le principal objectif à atteindre reste « d’identifier les modifications d’individus au cours de leur carrière et au cours de leur vie ».
Surtout, le troisième défi est de neutraliser la capacité d’action des individus radicalisés. Ceci s’applique aussi bien dans les services publics que dans la société. Un combat de longue haleine se profile ainsi en France contre le pouvoir mortifère d’idéologies radicales.
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