Chine x Minorités – L’archipel (chinois) du goulag

 

Pour contrôler son territoire et sa population, le Parti communiste chinois (PCC) exerce une coercition systématique à l’encontre des Ouïgours. Inspirée du totalitarisme de Mao, cette stratégie utilise aussi des moyens contemporains de haute technologie. Le PCC poursuit la répression car il étouffe les critiques internationales par sa diplomatie et sa géoéconomie.

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Pour contrôler son territoire et sa population, le Parti communiste chinois (PCC) exerce une coercition systématique à l’encontre des Ouïgours.

  • Le Parti communiste chinois (PCC) est focalisé sur le contrôle du territoire et de la population. Prenant le pouvoir en 1949, le PCC exerce une mainmise sur la vie politique du pays. L’arrivée de Xi Jinping en 2013 à la présidence de la Chine a renforcé la répression des groupes minoritaires. Ainsi, selon le cercle de réflexion IRIS, les services de renseignement chinois ont défini « 5 poisons » qui sont autant de dossiers menaçants pour la stabilité du pouvoir : les démocrates, le Falun Gong, Taïwan, le Tibet, et, le Xinjiang (Asia focus #100). Le Xinjiang est une région périphérique peu dense située à l’Ouest du pays. Elle fait l’objet d’une surveillance intensifiée de la part du régime.

  • Dans la région du Xinjiang, les Ouïgours constituent une minorité musulmane turcophone qui subit la répression du régime de Pékin. Originaire d’Asie Centrale, ce peuple de 10 millions de personnes a été mis en minorité sur son territoire par la politique de colonisation massive des Hans, l’ethnie dominante en Chine. Le PCC prend prétexte des revendications séparatistes, voire des dérives terroristes, pour justifier la mise en place d’un large réseau de camps d’internement. Dix-sept médias internationaux dans le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) ont confirmé l’existence de ce système carcéral en novembre 2019. Pour le chercheur allemand Adrian Zenz, ce programme est là pour « endoctriner presque toute une minorité ethnique et changer une population entière ».

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Inspirée du totalitarisme de Mao, cette stratégie utilise aussi des moyens contemporains de haute technologie.

  • Cette oppression systématique passe par des méthodes inspirées de la Chine autoritaire de Mao. La révolution culturelle est une période totalitaire dans l’histoire chinoise qui a duré de 1966 à 1976. Pour Mao Zedong, il s’agissait de purger le PCC de ses opposants. Chassés par les gardes rouges, les « révisionnistes » étaient regroupés dans des camps de rééducation par le travail. Aujourd’hui, cette stratégie d’enfermement et de dressage est employée à nouveau contre les Ouïgours. Depuis 2016, le secrétaire du parti du Xinjiang Chen Quanguo a accru la capacité des camps de son ressort. Près de 10% de la population Ouïgour - soit 1 million de personnes - seraient retenues dans cet archipel chinois du goulag.

  • Elle s’appuie aussi sur des outils numériques de contrôle social qui sont instrumentalisés par le PCC. Pour asseoir son autoritarisme numérique, le pouvoir chinois instrumentalise les hautes technologies. Le Xinjiang représente ainsi une région pilote où le contrôle social atteint des degrés extrêmes. Le parti y a mis en place une base de données de surveillance de toute la population. Cette « plateforme intégrée d’opérations conjointes » est telle que chaque individu peut se voir suspecté de sédition. L’association de protection des droits de l’homme Human Rights Watch atteste que les données individuelles sont collectées par les systèmes de vidéosurveillance (CCTV), les portails Wi-Fi et même les compteurs électriques. Suspectées par le simple envoi de messages à l’étranger, des dizaines de milliers de personnes sont fichées puis internées dans des camps au mépris de leurs droits humains.

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Le PCC poursuit la répression car il étouffe les critiques internationales par sa diplomatie et sa géoéconomie.

  • Comme elle a noyauté les institutions internationales, la Chine réduit les protestations des pays favorables aux droits de l’homme. Le journal Le Monde souligne la stratégie chinoise dans une enquête intitulée « La Chine à l’assaut des Nations Unies ». Après le reflux américain, la Chine a positionné des diplomates proches du régime pour mieux défendre ses vérités officielles. Elle a réussi à imposer une exposition intitulée « Développement et progrès des droits de l’homme dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang en Chine » au Palais des Nations à Genève en mars 2019. L’ambassadeur de la Chine à l’ONU avait même fait preuve d’un activisme important pour dissuader les diplomates étrangers à participer aux réunions des ONG humanitaires sur les Ouïgours.  

  • La menace économique qu’elle représente achève de dissuader toute velléité critique venant des pays voisins. Le Xinjiang pourrait bien devenir la plaque tournante de la redéfinition des échanges mondiaux par la Chine. Par exemple, « les nouvelles routes de la soie »  comportent une boucle maritime et une route terrestre. Cette dernière doit passer par le territoire ouïgour puis rallier l’Europe via l’Asie centrale. En outre, le projet China Pakistan Economic Corridor (CPEC) permettra de relier la ville ouïgoure de Kashgar au port de Gwadar, la pièce-maîtresse de la Chine dans l’Océan indien. Conscients de ces opportunités économiques, les pays voisins craignent les représailles chinoises en cas de soutien aux Ouïgours.

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Source image : CNN

Source carte : Le Monde

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